Le Paysan
LE PAYSAN
Comme il se faisait tard
Et que les ténèbres s’épaississaient
Je crus voir une lueur
Dans la plaine de mon Père
Aveuglé par l’obscurité
Je tendis mes mains sales
Vers l’horizon de la ville
Je distinguai une étoile
Pourquoi faire, à quoi bon ?
Elle est si loin de moi
Si petite, si frêle
Elle appartiendrait au Roi
Comme il se faisait tard
Et que les ténèbres s’épaississaient encore
J’eus craint qu’elle s’en aille
Comme une âme en péril
Pourquoi faire, à quoi bon ?
Puisque la vue m’a quitté
Il paraitrait qu’il y a là-haut
Un royaume rempli de lumière
Mon cœur désire tant satisfaire
Le cœur de mon Père
Pourquoi faire, à qui la faute ?
Combien de temps encore ?
Mon œil te voit, dit-Il
Quand tu vannes tes chaises
Quand tu cherches les lettres bossues
Quand tu danses d’un pas sûr
Et lorsque tu passes là près de Moi
Je sais que ton cœur bât fort
Car pour moi tu es devenu ce tison brûlant
Toujours, je t’aime car tu es mon enfant
Joëlle